Des objets exhumés dans les fouilles rupestre découvertes en 1949 dans la Grotta des Genovese sur la petite île Aegade (Egade) de Lévanzo et les représentations de sorciers trouvées en 1953 dans la Grotta dell'Addauro sur  le Monte Pellegrino près de Palerme, prouvent que l'homme vivait déjà en Sicile à l'ère glaciaire (Paléolithique, 10 000 av. J.C.), du moins sur quelques-unes des petites îles.

 

Les trouvaille d'objets en céramique du Néolithique montrent qu'il existant déjà à cette époque d'importantes différences culturelles entre la population sicilienne et celle des Iles Lipari. Les collection du Museo Archeologico de Lipari donnent une bonne vue d'ensemble sur la période néolithique ainsi que sur l'âge de Bronze qui l'a suivi, et révèlent clairement que des relations étroites s'étaient établies avec les civilisations de l'espaces égéo-crétois. Le Néolithique et l'âge de Bronze siciliens sont surtout représentés dans les collections du Museo Archeologico Nazionale de Syracuse.

 

 

 


- A partir du XIIème sicèle av.J.C., les Sicules, indo-européens, s'emparent peu à peu de la sicile. La population indigène se retire dans l'intérieur montagneux et impraticable de l'île et y fonde de petite villes-états, dont certaines subsistent plusieurs siècles, comme par exemple Pantalica au nord-ouest de Syracuse

 

- Vers 1000 av. J.C., il semble que les Phéniciens aient fondé en Sicile des comptoirs commerciaux, mais on n'en a pas trouvé jusqu'à présent de preuves suffisantes.

 

- VIIIème siècle av. J.C.. Les premiers colonisateurs grecs s'installent en Sicile. A cette époque, la Sicile est partagée entre les Sicules à l'est du fleuve Platani, les Sicanes à l'ouest et les Élymes à l'extrême ouest ; il semble que ces derniers aient été des Anatoliens (Troyens) qui se soient mélangés avec des Sicanes. Les Grecs se limitent d'abord au littoral. Les Ioniens y fondent les colonies de Naxos (vers 735 av. J.C.), Zankie (vers 730, aujourd'hui Messine) et Catane vers 729 ; les Doriens fondent les colonies de Syracusai (vers 735 ; aujourd'hui Syracuse), Megara Yhbaea (vers 730 ; aujourd'hui ruine près d'Augusta) et Gela (689 av. J.C.). A partir de ces colonies naissent des colonies-satellites. Les principales sont : Himère (648, satellite de Messine ; aujourd'hui ruines près de Termini Imerese) ; Selinos (650, satellite de Megara ; aujourd'hui ruines de Sélinonte, au sud de Castelvetrano) ; Akrai (664, satellite de Syracuse ; aujourd'hui ruines au sud-ouest de Vittoria) ; Agragas (581, satellite de Gela ; aujourd'hui Agrigente).

 

C'est probablement à l'époque de la fondation des colonies-satellites que sont nées les colonies phénico-carthaginoise de Panormus (aujourd'hui Palerme), Solus (Solonte, à l'est de Palerme) et Motya (aujourd'hui Mozia, entre Trapani et Marsala).

 

- Vers 500 av. J.C.. Dans les villes grecques, le pouvoir de la tyrannis remplace l'oligarchie. La naissance d'état territoriaux, à la place des villes-états (polis) qui existaient jusqu'alors, y est liée. Carthage voit sa position en Sicile menacée par cette évolution. A la bataille d'Hirère (480 av. J.C.), les Carthaginois sont vaincus par les Grecs siciliens, menés par les tyrans Gélon de Syracuse et Théron d'Akragas. A la suite de cette victoire, Syracuse jouit d'une position prédominante qui s'étend même momentanément sur l'Italie du Sud. En 453, Syracuse anéantit la puissance maritime des Étrusques, alliés des Carthaginois.

 

- 416 av. J.C.. Syracuse cherche, avec l'aide de Selimonte, à étendre sa domination sur l'ouest de l'île, en particulier sur Ségeste. Ségeste appelle Athènes en renfort, tandis que Sparte vient au secours de Syracuse menacée (c'est l'expédition sicilienne des Athéniens, épisode de la guerre du Péloponnèse). Syracuse sort renforcée du conflit.

 

 

- 395 av. J.C.. Denys 1er de Syracuse devient gouverneur générale grec de la Sicile et force les Carthaginois à reconnaître en 383 le fleuve Platani (Halyko) comme ligne de démarcation entre les territoires grec et carthaginois. La prépondérance de Syracuse se termine sous le règne de Denys II (367 - 345 av. J.C.).

 

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- 316-312 av. J.C.. Le générale sicilien Agathoclès (319-289) se fait tyran de Syracuse et réunifie la Sicile grecque. Après sa mort, les mercenaires, appelés Mamertins, s'emparent de la ville de Messana (aujourd'hui Messine). Le roi Pyrrhus d'Epire, gendre et héritier d'Agothèces, conquiert presque tout le reste de la Sicile (278-276), mais doit se retirer en 275. En 274, Hiéron II devient tyran de Syracuse et tente de chasser les Mamertins de Messana. Certains Mamertins appellent Rome à l'aide, d'autres Carthage. C'est ainsi que commence la première guerre Punique (264-241), au cours de laquelle Hiéron II appuis finalement Rome. Les Carthaginois doivent renoncer à leurs possessions en Sicile (l'ouest de la Sicile), qui devient province romaine. Toute la partie de la Sicile qui n'appartient pas à Syracuse tombe aux mains des Romains. Au cours de la deuxième guerre Punique (218-201), Syracuse s'allie, après la mort de Hiéron II (215), aux Carthaginois, elle est prise par les Romains en 212 (mort d'Archimède). La Sicile devient ainsi entièrement romaine.

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- 136-132 av. J.C.. Première révolte des esclaves menée par Eunous ; la Sicile est le grenier à blé de Rome, et la main d'œuvre des esclaves qui travaillent dans les latifundia est exploitée de façon inhumaine. La seconde révolte des esclaves durent de 104 à 100 av. J.C.

 

- 27 av. J.C.. Lors du remaniement de l'administration de l'Empire Romain, la Sicile devient province sénatoriale.

 

 

- 1er siècle av. J.C. - IVème siècle ap. J.C.. La Sicile est un lieu de repos très apprécié des Romains. Cicéron (106-43 av. J.C.) est enthousiasmé par le climat de Syracuse. En 126 ap. J.C. l'empereur Hadrien monte sur l'Etna pour y voir le lever du soleil. Il semble que de nombreux Romains aient possédé des villas en Sicile.

 

- 436-535. Les Vandales et les Ostrogoths sont maîtres de la Sicile.

 

- 535. Le général de l'Empire Romain d'Orient (Byzantin), Bélisaire, conquiert la Sicile, qui reste, malgré les menaces arabes (VIIème siècle), un territoire de l'empire byzantin jusqu'en 827.

 

- 827. Les Arables (Sarrasins) entreprennent la conquête de la Sicile. En raison de la résistance farouche des Siciliens, ils ne l'achèvent qu'en 902. De nombreux Arabes s'installent dans l'île. Beaucoup de chrétiens se convertissent à l'Islam. La Sicile devient une partie du monde islamique, y compris dans sa civilisation.

 

 

- 1061. Robert Guiscard, qui a fondé en Italie du Sud (Apulie et Calabre) un royaume normand, conquiert la ville de Messine avec l'aide de son frère Roger. Roger est nommé Compte de Sicile par Robert en 1072 et conquiert l'ensemble de l'île en 1091.

 

- 1101-1154. Roger II réunit entre ses mains toutes les possessions normandes ; il devient en 1130, roi de Sicile et en 1139, duc d'Apulie et prince de Capoue. Il est le fondateur de l'État sicilien à caractère byzantino-arabo-normand.

 

- 1154-1197. Après la mort du roi Guillaume Ier (1166), contre lequel les Siciliens se sont rebellés, son fils Guillaume II (1166-1189) lui succède. Il reconnaît sa tante Constance comme héritière du trône, au cas où il mourrait sans enfant. Constance épouse en 1186 Henri VI. Guillaume II meurt sans héritier, ce qui provoque un soulèvement national des Siciliens contre Constance et Henri, en faveur de Tancrède de Lecce, fils illégitime de Roger II. Tancrède meurt en 1194? et la même année, Henri est couronné à Palerme roi de Sicile. Henri est en même temps empereur allemand. Il tente de réunir durablement la Sicile avec le Saint Empire Romain Germanique, et menace, par l'encerclement qu'il réalise ainsi, l'indépendance du pape. Henri meurt en 1197.

 

- 1197-1250. Frédéric Ier de Sicile (également empereur allemand, désigné sous le nom de Frédéric II de Hohenstaufen) fils d'Henri, fait de la Sicile et de l'Italie du Sud un État absolutiste, qui est à l'époque l'Etat le plus moderne de l'Occident, continuant et parachevant ainsi l'œuvre de Roger II. Les fils de Frédéric II, Conrad IV (mort en 1254) et Manfred (tombé au combat contre Charles d'Anjou en 1266) ne peuvent conserver la Sicile et l'Italie du Sud en raison de l'hostilité des papes.

 

- 1266. Charles d'Anjou est couronné roi d'Italie du Sud et de Sicile par le pape Clément IV (depuis l'époque normande, les papes considèrent ces régions comme des fiefs papaux ; il n'y a pourtant pas de fondement juridique à cela). En 1267, Conradin, fils de Conrad IV, le dernier des Hohenstaufen, tente de reconquérir son héritage. Il est fait prisonnier et exécuté à Naples en 1268 à l'instigation de Charles d'Anjou. Charles fait de Naples sa capitale, en remplacement de Palerme.

 

- 1282. Une révolte a lieu à Palerme contre Charles d'Anjou et les Français (les "Vêpres Siciliennes", voir l'opéra de Verdi du même nom), sont chassés de Sicile. Les Siciliens élisent Pierre III, roi d'Aragon, gendre de Manfred de Hohenstaufen, roi de Sicile. Charles d'Anjou ne conserve que l'Italie du Sud (Royaume de Naples).

 

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- 1442. Alphonse V d'Aragon-Sicile réunit provisoirement le Royaume de Naples et de Sicile.

 

- 1516. La Sicile devient une partie de l'empire Habsbourg de Charles-Quint et revient, lors du partage de cet empire en 1556, à l'Espagne, qui fait administrer le royaume insulaire par des vice-rois espagnols. Des insurrections contre l'autorité centrale des Habsbourg d'Espagne ont lieu en 1516 et 1523, qui restent sans répercussions.

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- XVII siècle. Les rois d'Espagne font frapper la population et taxes et d'impôts accablants par leurs vice-rois, violant ainsi les droits spéciaux anciens et entérinés des Siciliens. Des soulèvements révolutionnaires se produisent, surtout à Palerme en 1647 et à Messine de 1672 à 1678. Ceux-ci n'apportent rien aux Siciliens et conduisent même à l'abolition de nombreux des droits spéciaux.

 

- 1713-1738. Le Bourbon Philippe d'Anjou, qui monte sur le trône d'Espagne sous le nom de Philippe V, à l'issue de la gurerre de Succession d'Espagne (1701-1714), abandonne la Sicile à Victor-Amédée II de Savoie. Mais celui-ci doit la céder en 1718 aux Habsbourg d'Autriche en échange de la Sardaigne. Les autrichiens ne sont pas populaires dans l'île et les Siciliens approuvent l'élévation au titre de roi de Sicile (1735) du Bourbon d'Espagne Don Carlos (à partir de 1759 Charles III d'Espagne). Celui-ci est également proclamé roi de Naples en 1738, et les royaumes normands d'Italie du Sud et de Sicile se trouvent à nouveau réunis.

 

- 1751-1825. Ferdinand 1er (Ferdinand III de Sicile et Ferdinand IV de Naples), souverain du royaume des Deux-Siciles (cette désignation date de 1816) est du côté des adversaires de la Révolution Française et de Napoléon. En 1798, il fuit devant les Jacobins de Naples (Carbonari) à Palerme, où il doit approuver la constitution relativement libérale réclamée par les Siciliens. Après son retour à Naples en 1816, il abolit cette constitution. La Sicile se soulève en 1820 contre son absolutisme, mais le soulèvement est réprimé.

 

- 1848. Le 12 Janvier, une révolution éclate en Sicile, le première des nombreuses révolutions  européennes de cette année-là. La destitution des Bourbons est déclarée, et la couronne de Sicile est proposée à Charles-Albert de Sardaigne-piémont. Ferdinand II de Bourbon brise la révolution.

 

- 1860. Dans le combat pour la liberté et l'unité italienne, Giuseppe Garibaldi débarque à Marsala, gagne toute la Sicile ("expédition des Mille") et donne au payx un gouvernement et une constitution propres. La même année, la Sicile se décide par référendum pour un rattachement à la nouvelle Italie, ce qu'elle regrette bientôt, car le gouvernement italien ne tient pas suffisamment compte des intérêts siciliens. Le désir d'autonomie des Siciliens reste vivace.

 

- 1908. Le 28 décembre : tremblement de terre et raz de marée à Messine. La ville fut rasée et la Reine Marguerite de Savoie vint, personnellement, secourir les sinistrés.

 

- 1943. Les Alliés conquièrent la Sicile. L'île subit de lourdes destructions, surtout causées par les nombreux bombardements. Palerme tombe le 22 juillet. Ces évènements sont la dernière impulsion à la destitution de Mussolini le 25 Juillet.

 

- 1946. La Monarchie de Savoie est abolie et la République Italienne est proclamée. A la suite de la nouvelle constitution, la région de Sicile est créée en 1948, elle obtient une large autonomie.

 

- 1950. Reforme agraire.

 

- Depuis 1969, lutte contre la Mafia. L'actualité locale est ponctuée d'attentats contre des hommes politiques et des juges et par l'annonce d'arrestation spectaculaires de parrains mafiosi.

 

Depuis quelques années, la Sicile semble connaître une certaine reprise économique, mais elle souffre néanmoins d'un fort taux de chômage que le gouvernement italien, avec l'aide de la C.E.E., tente d'enrayer. L'île est essentiellement marquée par des différences de développement ; les côtes s'urbanisant pour accueillir les touristes de plus en plus nombreux (une priorité économique) et l'intérieur des terres restant très agricole. Les mentalité évoluent petit à petit dans cette région de l'extrême sud de l'Italie, où le travail des femmes reste encore un exception.