Dans les cryptes du Couvent des Pères Capucins, construit en 1621, s'étend un cimetière connu dans le monde entier comme "Les Catacombes des Capucins".

 

En ce lieu, qui offre un spectacle assez macabre, ont été inhumés jusqu'en 1881 (date à laquelle fut abolie cette coutume) à peu près huit mille cadavres momifiés ou embaumés des représentants de la haute bourgeoisie palermitaine (y compris les femmes et les enfants) et du clergé.

Entreeducouvent.gif (60163 octets)

Acces

Quand vous vous rendez du centre ville de Palerme à Monréale, immédiatement après avoir passé la "Porta Nuova", vous vous trouverez au carrefour de la rue Pindemonte et du cours Calatafimi où un panneau de signalisation indique "Catacombes des Capucins". Après avoir descendu la rue Pindemonte, vous trouverez la Place Capuccini où se trouve l'entrée des Catacombes.

 

L'entrée d'aujourd'hui n'est pas celle d'alors mais elle date de 1944. L'ancienne entrée se trouvait du côté de la sacristie, qui existe encore, mais qui reste fermée.

 

Origine et agrandissement

La création de ce singulier, si non unique, cimetière remonte à la fin du XVIème siècle, quand, à la suite de la croissance du nombre des Frères, il fut nécessaire de trouver pour leur sépulture un lieu plus décent et plus grand.

En 1599, on y ensevelit le premier Frère et on y transporta aussi les restes de quelques autres qui avaient été enterrés ailleurs.

1erhomme.gif (65628 octets)

 

Ce nouveau lieu de sépulture fut au début uniquement réservé au Frères Capucins, parmi lesquels certains, reconnus pour leur vertu, furent enterrés dans des bières individuelles, placées de chaque côté du premier couloir.

Au long des siècles ce premier couloir fut agrandi et il en fut créé d'autres sur les prières insistantes des bienfaiteurs des Frères car ceux-là désiraient trouver place dans ce cimetière.

Les rares concessions faites pour les bienfaiteurs des frères se multiplièrent et furent accordées à d'autres ; on en arriva à la division en sections : Frères, hommes, femmes, hommes de profession libérale, prêtres. C'est pour cette raison que le cimetière fut appelé "Grande Sépulture des Capucins".

Jusqu'en 1739, l'autorisation d'être enseveli dans le cimetière des Capucins fut accordé seulement au Chapitre Généraux et aux Supérieurs Généraux de l'Ordre puis aux Supérieurs du Couvent.

Méthode employées pour la conservation des cadavres

La méthode pour l'embaumement de la petite Lombardo fut inventée par le Docteur Solafia, médecin parlermitain, qui emporta avec lui dans la tombe son secret. On sait qu'elle était à base d'injections de substance chimiques mais rien d'autres.

 

Une autre méthode adoptée pour quelques cas seulement fut celle du bain dans l'arsenic ou dans le lait de chaux ; système employés en particulier pendant les périodes d'épidémies.

 

La méthode employée plus communément était celle du dessèchement en plaçant les cadavres dans les cellules, situées le long des couloirs, appelés "colatoi".

 

Le dessèchement se produisait grâce aux conditions atmosphériques. On sait en effet que le sous-sol est une terre tufière. Les cadavres y étaient donc enfermés pendant huis moi environ, puis on les en ressortait, les lavait au vinaigres et les exposait à la lumière quelques jours, après quoi ils étaient revêtus de leurs habits et placés dans les niches ou dans les bières, selon les dispositions qu'ils avaient laissées de leur vivant ou par leur famille.

 

En descendant l'escalier, sur le mur de gauche, avant le couloir, on voit une plaque commémorative. Elle rappelle le premier romain Nicola Balcescu, mort à Parlerme le 29 novembre 1852. Le Comité National Roumain, ne sachant pas où exactement se trouvait le cadrave de Balcescu, plaça là cette plaque. (De récentes études, faites sur les archives, informent que Balescu ne fut pas enterré à l'intérieur des Catacombes mais dans une fosse commune dans un autre endroit du cimetières des Capucins.

 

Au pieds de l'escalier, sur la _self, se trouve la première partie du couloir des Frères, le plus ancien, clos par une grille de bois ; on y trouve les restes de quarante Frères, les corps de différents éminents personnages laissés en dépôt, parmi lesquels celui de l'écrivain Révérend Alessio Norbonne ; les reste de Ayala, fils du roi de Tunis, qui, après s'être converti au catholicisme, prit le nom de Philippe d'Autriche et mourut à Parlerm le 20 septembre 1622, et de Don Vincenzo Agati, mort le 3 avril 1731 et dont Mongitore écrivit l'histoire de sa vie.

Couloir1.gif (73768 octets)

couloir2.gif (58611 octets)

couloir3.gif (53758 octets)

 

Le Couloir des hommes

Les cadavres, devenus squelettes, sont placés le long des murs dans les niches ou dans les caisses et sur toute la longueur du couloir.

 

A la suite du couloir des prêtres il y a une sections réservée au enfants.

 

Les murs de l'escalier d'accès et les espaces vides des niches, jusqu'à la fin du XVIIème siècle, étaient recouverts de peintures et d'inscriptions tirées de la Bible. Aujourd'hui, il en reste tout juste quelques preuves.

 

cadavreauproportioninsolite.gif (48103 octets)

couloirdeshommes.gif (92367 octets)

cadavreauproportioninsolite2.gif (59440 octets)

Le Couloir des femmes

Ce bout de couloir était fermé jusqu'à la deuxième guerre mondiale par deux grilles et les niches étaient protégées par des vitres.

 

Les bombardements de mars 1943 firent sortir de ses gonds la grille et la détruisirent, ils brisèrent en mille morceaux les vitres des niches protégées par des filets métalliques.

 

Ici, on peut admirer le style des vêtements endossés par les femmes jusqu'à la fin du XVIIIème et dans la première moitié du XIXème : vêtement de soie richement ornés de dentelles, bonnets aux formes les plus variées.

 

Le front de certains cadavres est ceint d'une couronne de métal pour indiquer qu'il s'agit de femmes non mariées.

 

Les cadavres de quelques petites filles sont bien conservés.

 

galeriesdesfemmesvuepartielle.gif (85691 octets)

salledesenfants.gif (76877 octets)

filletteentenuedebapteme.gif (90951 octets)

lagalerieneuvedetail.gif (97350 octets)

Lesvierges.gif (53769 octets)

galeriesdesfemmesvuepartielle2.gif (93216 octets)

 

 

Le couloir des professeurs

C'est ainsi qu'il est appelé de façon courante bien qu'il n'y ait pas que des Professeurs ; il y a des hommes de profession libérale : médecins, avocats, peintres, officiers et soldats aussi bien de l'Armée des Bourbons que de l'armée italienne. Parmi les noms les plus célèbres : le peintre Vèlasquez, les sculpteurs Pennino et Lorenzo Marabitti et le chirurgien Manzella.

Photo de Remy Armandh

 

Au centre de ce couloir on peut observer un de ces "Colatoi" mentionnés pour la conservation des cadavres.

 

Sur les parois en face de ce couloir on a récemment posé un buste de marbre du Cardinal Sanverino, archevêque de Palerme, mort en 1793.

 

Le Prélat avait été laissé en dépôt dans les Catacombes puis placé dans la chapelle de l'Addorata", aujourd'hui Sainte Rosalie, jusqu'à ce que le sarcophage de marbre fût prêt dans la chapelle du Très Saint Sacrement de la Cathédrale. Le buste qu'il avait commandé à Filippo Pennino de son vivant, est resté dans les Catacombes ainsi qu'une pierre tombale qui en narre les dernières aventures.

 

Bartolomeomegna.gif (83444 octets)

Couloirdeshommes2.gif (62940 octets)

Antonioprestigiacomo.gif (94209 octets)

Giovannipaterniti.gif (81294 octets)

Colonel.gif (87034 octets)

Lesdeuxpeintres.gif (103073 octets)

 

Après avoir traversé le couloir des Professeurs, on arrive dans un long couloir, rempli de caisses jusqu'il y a quelques années. C'est la partie la plus récente des Catacombes. En effet, il n'y a pas de niches dans les murs puisque les lois civiles avaient interdit dès 1837 l'exposition des cadavres telles qu'elle se faisait jusqu'alors.

 

La plupart des caisses de ce couloir furent détruites pendant les bombardements du 11 mars 1943 et au cours d'un incendie qui éclata le 30 mars 1966. On peut admirer le pavage de céramique , très bien conservé et, sur le mur du fond, des traces de peintures décoratives .

 

Pavageetpeinture.gif (89794 octets)

 

Le couloir des prêtres

C'est le couloir qui coupe en deux rectangles inégaux le plan des catacombes ; il fut réservé aux Prêtres soit du Clergé diocésain, soit de certaines communauté religieuse qui le demandaient.

Photo de Remy Armandh

Dans une niche, qui n'est pas d'origine, sur le côté gauche ont le cadavre du Monseigneur Franco d'Agostino, Evêque de rite Byzantin de Piana degli Albanesi, revêtu des ornements pontificaux de son rite.

francoagostino.gif (41775 octets)

 

La Chapelle

 

En reprenant le couloir des hommes de profession libérale, après quelques mètres, on monte cinq marches et on arrive dans la chapelle de Ste Rosalie.

 

Cette chapelle, jusqu'en 1866, était dédié à la Vierge douloureuse représentée par une statue de bois, sculpture de la moitié du XVIIIème siècle du capucin Frère Benedetto Valenza et Trapani. Cette statue se trouve maintenant à l'entrée des Catacombes.

 

sainte2.gif (26438 octets)

 

Dans cette chapelle, entre deux bières contenant les cadavres de petites filles, il y a, dans une caisse fermée d'une vitre, le cadavre de Rosalie Lombardo (décédée le 6 décembre 1920) déposée dans les Catacombes pour l'embaumement et qui est restée depuis lors.

 

Chapelle.gif (96512 octets)

Rosalielombardo.gif (59265 octets)

 

On redescend les marches et on arrive dans la deuxième partie des couloirs des Frères Capucins où l'on peut voir les Frères Prêtres avec leur étole, signe de leur dignité de prêtre, les autres frère ont une corde au cou en signe de pénitence.

 

On peut voir un des premiers Frères qui ont été ensevelis : Frère Silvestro da Gubbio , mort en 1599 et Frère Riccardo da Palermo, un des derniers, mort en 1871.

 

 

couples1.gif (49167 octets)

lesdeuxcomperes.gif (51533 octets)

Photo de Remy Armandh

 

Les catacombes des Capucins et les Artistes

 

Ce cimetière tout particulier a été chanté par Ippolito Pindemonte qui le visita le 2 novembre 1777 et s'en inspira pour son chant "I Sepolcri". C'est pour cela que la Mairie de Palerme donna son nom à la rue qui va du cours Calatafimi au couvent et donc aux Catacombes des Capucins. Mais d'autres encore ont chanté et célébré les Catacombes. Les Télévisions italienne, française et Allemande ainsi que des chaînes privées ont contribué à les rendre célèbres dans le monde entier.

 

Mais là-bas quelque chose de plus admirable et de plus puissant
m'apparut : de spacieuse et sombres salles souterraines qu'entourent, dans leur niche,
comme des fantômes rigides, des corps privés de leur âmes, couverts encore des vêtements
que l'on vit au moment de l'heure suprême,
suer leurs muscles morts et sur leur peau
l'art a tant travaillé, si bien éliminé tout souffle de vie
que leurs apparences anciennes et même leur chair ont conservé leur physionomie après cent ans et plus.
La mort les conserve et semble de cette façon ne pas avoir atteint son but.
Quand la chute des feuilles de l'automne nous annonce chaque année
que non moins souvent des vies humaines tombent
et nous invite à verser de pieuse marmes sur les défunts,
alors descend dans les cloîtres souterrains une foule dévote ;
du haut pendent des lampes à plusieurs touches ;
chacun se tourne vers le corps chéri et sur les visages émaciés
cherche et trouve les aspects connus :
le fils, l'ami, le frère trouve le frère, l'ami, le père ;
des flambeaux la lumière frappe en tremblant les visages qui,
oublieux de la Parque semblent agiter leurs fibres raidies.
O que de souvenir des douleurs communes, des plaisirs partagés !
Quelle vie joyeuse dans les années qui ont si vite passé !
En même temps un soupir s'élève, un long sanglot intime, une plainte à peine étouffé
qui s'étend sous les arcs, à travers les salles résonnantes et auxquels
il semble que ces corps froids répondent : un bref passage
sépare les deux mondes et jamais
la vie et la mort
ne furent si unies d'amitié.

D'après "I Sépolcri" di Ippolito Pindemonte

Quelques photos pirates... A ne pas faire.

catacombes_2003_01.jpg (59320 octets)

catacombes_2003_02.jpg (63655 octets)

catacombes_2003_03.jpg (64691 octets)

catacombes_2003_06.jpg (66459 octets)

catacombes_2003_07.jpg (75477 octets)

catacombes_2003_05.jpg (66660 octets)

catacombes_2003_04.jpg (74275 octets)

catacombes_2003_11.jpg (67472 octets)

catacombes_2003_08.jpg (74271 octets)

catacombes_2003_10.jpg (72663 octets)

catacombes_2003_12.jpg (64635 octets)

catacombes_2003_09.jpg (80098 octets)